"Soyez réalistes, demandez l'impossible"
Voici l'une des plus célèbres citations du guérillero argentin que l'on peut voir inscrite dans tout Cuba. Elle est révélatrice du caractère contradictoire et imprévisible de l'homme qui, selon tous ses proches, possédait une personnalité très complexe.
Ernesto Guevara de la Serna est né à Rosario en Argentine le 14 Juin 1928. Fils aîné D'Ernesto Guevara Lynch et de Celia de la Serna, il a passé son enfance dans une province agricole située à l'extrême Nord-Est de l'Argentine. Issu d'une famille socialement élevée, il suit un bon enseignement scolaire, notamment au lycée de Cordoba considéré comme le meilleur de la ville puis à la faculté de médecine de l'université de Buenos Aires.
Etudiant dit médiocre, il investit ses qualités dans ce qui l'intéresse. Passionné par les voyages et les découvertes, il en entreprend plusieurs en Amérique du Sud où il découvre la pauvreté qu'il pense devoir combattre par la révolution. Ernesto approuve les principes communistes de Marx et Lénine qu'il a longuement étudiés et décide d'agir pour lutter contre l'impérialisme américain. Après son passage au Guatemala où il assiste à la chute du président Arbenz, il se rend au Mexique où il écope du fameux surnom "le Che" dû à l'utilisation répétée de cette interjection typiquement argentine servant à désigner un homme, renforcer une idée voire exprimer un sentiment.
Sa rencontre avec Fidel Castro en 1955 le conduit à Cuba où il participe à la révolution et montre ses qualités de guérillero. Après le renversement du régime didactorial cubain de Batista, il fait partie du nouveau gouvernement et entre ainsi sur la scène politique internationale. Le 9 Février 1959, il se voit octroyer la nationalité cubaine et voyage en tant qu'ambassadeur officiel. Nommé directeur de la Banque Centrale et chef de la section industrielle à l'INRA (Institut National de la Réforme Agraire) en 1959, il sera également ministre de l'industrie et du travail. En Mars 1965, il quitte ses fonctions ministérielles et disparait du monde politique pour organiser une révolution au Congo.
Il est fusillé en Bolivie par l'armée locale le 9 Octobre 1967 vers la Higuera, où il avait pour misson de créer un autre foyer révolutionnaire. Certains disent que l'ordre de son exécution émanait de la CIA, considérant Guevara comme une menace. C'est après sa mort que le mythe du Che est né, avec l'image quasi-christique de son cadavre diffusée au monde entier. La photo prise par Alberto Korda est aujourd'hui une des images les plus connues et les plus publiées, photo qui est toujours largement déployée comme symbole de révolution. C'est donc l'image d'un héros révolutionnaire romantique que l'opinion publique mondiale garde en souvenir. Cependant, certains écrits concernant l'argentin décrivent un personnage totalement différent de sa réputation, comme le témoignage de Luciano Medina, facteur personnel de Fidel Castro à l'époque de la révolution :
"Un jour que je lisais Sélection du Reader's Digest, peinard dans mon hammac, le Che, furieux, m'arrache la revue des mains et s'écrie : " Pas de journaux impérialistes ici!" Mais surtout, iltuait comme on avale un verre d'eau. Avec lui, c'était vite vu, vite réglé. Un matin, vers 9 heures, nous déboulons au Rancho Claro, une petite exploitation de café appartenant à un certain Juan Perez. Aussitôt, le Che accuse le fermier d'être un mouchard à la solde de la dictature de Batista. En réalité, le seul tort de ce pauvre homme était de dire haut et fort qu'il n'adférait pas à la révolution.Une heure plus tard, le malheureux caféiculteur est passé par les armes devant se femme et ses trois enfants de 1, 3 et 4 ans. Les voisins étaient traumatisés, indignés. Et nous, la troupe, nous étions écoeurés. Avec trois autres companeros, nous avons ensuite quitté le Che pour rejoindre un autre campement."
De nombreuses personnes ont dépeints le Che comme un meurtrier sanguinaire, un être cruel, froid et autoritaire. L'image du héros révolutionnaire romantique semble alors s'éloigner. La crédibilité de ces déclarations peut être remise en cause, cependant il apparait qu'en se penchant un peu plus sur la vie d'Ernesto Guevara des zones d'ombres surgissent clairement, appuyant de terribles accusations pesant à son encontre.
"Le Che n'a jamais cherché à dissimuler sa cruauté. Bien au contraire. Plus on sollicitait sa compassion, plus il se montrait cruel." déclare le père Javier Arzuaga, aumônier de la prison de la Cabana. "Je crois qu'en définitive cela lui plaisait de tuer des gens"estime Huber Matos, commandante de la révolution au même titre que Guevara jusqu'en 1959. Ces déclarations poussent à se plonger dans la vie du guérillero, à se poser certaines questions et à casser les préjugés pour parvenir à la réalité : le Che est-il un mythe contestable ?
1°) Le Che : sauveur ou tyran ?
A) Un révolutionnaire romantique.
B) Une influence castriste.
C) Un meurtrier ou un homme engagé ?
2°) Changer le monde ? De l'utopie aux réalités.
A) Une économie plus juste et collective... démentie dans les faits.
B) Des guerres de révolution.